Onglets

dimanche 26 mai 2019

[MUNICH] Où je coche une case sur ma bucket list




Après une nuit où je n'ai quasiment pas réussi à fermer l'oeil à cause du combo ronflements de Chouchou + trop chaud avec la couette mais pas assez sans + stress de ne pas entendre le réveil comme chaque fois que je dois me lever tôt pour prendre un train ou un avion, je m'extirpe péniblement du lit à 7h30. A 8h50, nous sommes dans la métro direction la gare centrale où nous devons retrouver M & M. Mais la circulation semble très perturbée; les écrans n'affichent pas le passage des prochains métros; des employés crient en faisant de grands gestes sur le quai, et nous mettons pour démarrer une grosse dizaine de minutes durant lesquelles je flippe à l'idée de rater notre train. Finalement, la marge que j'inclus toujours dans mes calculs d'horaires nous sauve, et nous arrivons au point de rendez-vous une minute avant nos amies. 

Nous prenons un train régional infiniment plus confortable que les TER français, et ridiculement peu cher: 46€ l'aller-retour Munich-Füssen pour tout notre groupe, soit à peine 11,50€ par personne pour un trajet de plus de 130 km. En raison de travaux sur la ligne, nous devons descendre en cours de route et faire les derniers trois quarts d'heure en bus. Mais tout est très bien organisé, et le chemin du bus nous fait traverser des paysages magnifiques. Nous nous extasions en voyant les Alpes aux sommets encore enneigés se dresser face à nous. Puis nous admirons les prés où paissent des vaches et des chèvres, les jolis petits chalets en bois, les lacs d'un bleu-vert laiteux où se mirent les conifères. En arrivant à la ravissante petite ville de Füssen vers midi, nous enchaînons à regret avec le bus 78 qui va nous mener au village d'Hohenschwangau - le dernier arrêt avant le château, quel que soit le moyen de transport par lequel on l'atteint.

Bien que tout à fait mignon, le village se résume à quelques restaurants, snacks, boutiques de souvenirs et bâtiments utilitaires. Mais le château de Neuschwanstein, sur lequel je fantasme depuis des années, émerge des arbres touffus juste au-dessus de nous, découpant sa silhouette élancée contre les pics alpins. De nombreux parapenteurs voltigent autour de ses tourelles, et je les envie intensément. M & M vont retirer les tickets pour la visite guidée qu'elles ont réservée quelques semaines plus tôt (seul moyen de visiter le château); pendant ce temps, Chouchou prend des photos et j'achète des cartes postales. Les nécessités basiques ainsi assurées, nous jetons notre dévolu sur un des snacks et commandons des spécialités locales faciles à manger - pour moi, ce sera un schnitzel-kartoffelsalat, soit une escalope panée accompagnée de salade de pommes de terre-oignons un poil trop vinaigrée à mon goût et dont je ne mange que la moitié. 





Plusieurs choix s'offrent à nous pour atteindre le château d'ici: monter à pied (non merci), prendre une calèche qui nous laisse sur la gauche ou un bus qui nous dépose sur la droite, près du chemin vers le point de vue. Nous optons pour le bus et, sitôt débarqués, nous dirigeons vers le pont suspendu depuis lequel on peut prendre les plus belles photos sur Neuschwanstein. Nous n'y sommes évidemment pas seuls (doux euphémisme...), mais malgré la beauté du paysage en contrebas, le vent et peut-être le vertige semblent dissuader les autres touristes de s'attarder, et nous n'avons aucune difficulté à prendre tous les clichés voulus. Au lieu de rebrousser chemin, nous continuons à grimper dans la montagne. Uu peu plus haut, nous trouvons un second point de vue beaucoup moins fréquenté. Plus haut encore, il ne reste personne d'autre que nous, les arbres et les drôles de plantes qui bordent le chemin. Je n'ai pas respiré d'air aussi pur et agréablement parfumé depuis des années, mais mes bottines devenus un peu serrées me font mal aux pieds et au bout d'un moment, je manifeste l'envie de redescendre. 




Nous avons des billets pour la visite de 16h05; il n'est que 14h45 et l'entrée du château ne comporte aucune distraction: pas de café, pas de boutique de souvenirs, pas même un distributeur pour acheter une bouteille d'eau. Claquée, je me pose sur un des bancs du point Info où je fais une micro-sieste pendant que les autres descendent vers une cascade repérée en route. C'est dommage: si on avait su, on aurait passé une heure à explorer Füssen au lieu de glander là. Mais ce qui est fait est fait, et au moins, on ne ratera pas notre créneau de visite guidée. A 16h05 tout pile, notre numéro de groupe est annoncé par les écrans. Nous scannons nos billets et franchissons un portillon avant de pénétrer dans le château en groupe de... trente ou quarante à vue de nez. On nous remet à chacun un audioguide dans la langue de notre choix; la personne qui nous accompagne se contentera de nous montrer le bon chemin et de nous faire signe quand nous devrons porter l'audioguide à notre oreille. Bien entendu, les photos sont interdites à l'intérieur. 

La visite dure une demi-heure réglée comme du papier à musique, et malgré les conditions pas idéales, difficile de ne pas être impressionnés par la magnificence des lieux: la salle du trône délirante et jamais achevée, la chambre à coucher d'un luxe inouï, la grotte totalement incongrue et son minuscule mais féérique jardin d'hiver... Nous apprenons que Neuschwanstein n'a pas été conçu comme une forteresse facile à défendre, mais comme un château idéal; que Louis II n'avait presque pas de pouvoir et que ses idéaux de grandeur ont été financés à crédit jusqu'au moment où c'est devenu très problématique; que son conseil a finalement décidé de le faire interner et qu'il est mort "dans des circonstances mystérieuses" le lendemain de son arrestation, à l'âge de 40 ans seulement. Une recherche internet nous informe qu'il a tué son psychiatre avant d'entrer dans un lac glacial et de s'y noyer. Quel drôle de personnage et quel drôle de destin. 





A la sortie, nous tombons enfin sur un très joli café et une boutique de souvenirs qui ne nous sont hélas plus d'aucun secours, car nous devons nous dépêcher de redescendre pour ne pas rater notre bus/train du retour. A pied, nous mettons seulement un quart d'heure pour regagner Hohenschwangau. La météo a assez bien tenu toute la journée, mais il commence à pleuvoir lorsque le 78 arrive. Nous nous y entassons avec des tétrachiées d'autres touristes - pas grave, puisqu'il n'y a que 10 mn de trajet jusqu'à Füssen. Enfin, il n'y aurait eu que 10 mn de trajet sans l'accident qui a créé un gros bouchon sur la route. Nous parvenons tout de même à attraper notre bus; c'est un modèle moins grand et moins confortable qu'à aller, dans lequel le chauffeur laisse monter plus de gens qu'il n'y a de places assises. Chouchou finit donc par terre avec son iPad, mais nous ne ratons pas notre train. Il est aussi bondé que les bus, et nous devons nous contenter de strapontins alignés dans un couloir. Je suis épuisée par le manque de sommeil et la marche en montagne; les tendons de mes mollets sont si raides que j'ai du mal à marcher. Mais quand M blonde suggère de descendre juste avant la gare centrale de Munich pour dîner dans un centre socio-culturel sympa qu'elle a connu par son boulot, on se dit quand même "Pourquoi pas?". 




La Cantina in der Pasinger Fabrik est encore un lieu hyper sympa où on n'aurait jamais eu l'idée d'aller par nous-mêmes. Nous y mangeons dans une vaste salle sous verrière, aux murs ornés de photos de cinéastes en noir et blanc. Je poursuis mon tour de la cuisine bavaroise avec des spätzle, délicieuses pâtes servies avec une sauce au fromage crémeuse et des oignons grillés passablement divins, accompagnées d'un décilitre de vin blanc local. Après ça, je suis au bout de ma vie. Nous prenons le S (équivalent local du RER) jusqu'à la gare centrale où nous disons au revoir à nos amies. Comme ce matin, il semble y avoir de grosses perturbations dans le métro, et je m'aperçois juste avant de monter dans une rame du U2 que son terminus est la direction opposée de ce qui est annoncé sur le quai. Bien entendu, nous ne comprenons pas un traître mot des annonces diffusées sur les panneaux d'affichage et par les haut-parleurs. Nous perdons ainsi une bonne demi-heure durant laquelle j'aurais nettement préféré être dans mon lit, mais finissons quand même par regagner notre appartement Air BnB pour nous écrouler après cette journée bien remplie. Le château de Neuschwanstein, c'est fait!

4 commentaires:

  1. Quel plaisir de lire tes billets sur Munich! J'y vais au mois d'octobre et j'ai vraiment très hâte. Ce château est magnifique! Je n'avais pas pensé à le visiter, mais tes photos me font envie. Bon dimanche!

    RépondreSupprimer
  2. Trop bien. Et ravie d’apprendre que c’est accessible sans voiture !

    RépondreSupprimer
  3. @MadeleineMiranda: Franchement, il vaut le détour! Bon dimanche aussi.
    @Ness: Je pense même que c'est plus simple et surtout moins cher!

    RépondreSupprimer
  4. Wow ça a l'air magique. J'ai essayé de réserver des places avec un mois d'avance pour Juin, mais c'était déjà complet. Une prochaine fois peut-être :)

    Sinon, sur un tout autre sujet, je viens de me faire offrir le set de raclette à la bougie dont tu parlais l'hiver dernier (après avoir lorgné dessus durant toute la saison raclette). Ce truc est *formidable*, merci pour la découverte !

    RépondreSupprimer