(Attention, spoilers!)
Beaucoup de gens ont été un peu déçus par cette deuxième saison de "Downton Abbey" (8 épisodes "normaux", plus un double épisode de Noël). Ce n'est pas mon cas du tout; je pense même que je l'ai préférée à la première. D'abord, parce que j'avais eu le temps de m'attacher aux personnages. Ensuite, parce que la guerre de 14-18 fournit un excellent prétexte pour bouleverser le quotidien des personnages et faire évoluer ceux-ci de manière dramatique. Les deux filles cadettes de Lord Grantham sont saisies par le besoin de se rendre utiles tandis que l'aînée, confrontée à une rivale en amour, se révèle capable de passer outre l'incroyable égoïsme qui l'avait caractérisée jusque là. A l'inverse, la sympathie suscitée par Lord Grantham, sa femme et leur cousine Isobel se trouve quelque peu ternie quand le progressisme des deux premiers atteint ses limites et que la troisième devient agaçante à force de se mêler de tout, de croire tout savoir et de vouloir tout contrôler.
Du côté des domestiques, Thomas le valet de pied reste toujours aussi haïssable, mais son acolyte O'Brien a su tirer la leçon du tragique incident de la savonnette et s'humanise quelque peu. La pénurie de personnel provoque un défilé de nouvelles têtes à l'histoire plus ou moins intéressante: Lang, un ancien soldat traumatisé par son passage sur le front, Jane, une veuve de guerre qui va représenter la tentation pour un des hommes de la famille, et surtout Ethel, une jeune femme délurée qui paiera très cher son envie de profiter de la vie (mais personnellement, elle m'a beaucoup agacée et j'espère bien ne plus jamais la revoir). Les démêlés de Bates avec son ex-femme et sa relation avec l'adorable Anna prennent un tour dramatique qui m'a arraché quelques larmes dans l'épisode de Noël. J'ai eu plus de mal à m'émouvoir pour le "faux" couple William-Daisy.
Non, je ne me suis pas ennuyée le moins du monde pendant cette deuxième saison. Mais elle m'a quand même posé deux gros problèmes. D'abord, les ficelles énormes dont usent les scénaristes pour résoudre les imbroglios dans lesquels ils se sont fourrés. Le paralytique remarche tout à coup, l'obstacle au mariage du couple-vedette a le bon goût de mourir de la grippe espagnole. Un peu facile, non? Ensuite, l'étrange stase temporelle dans laquelle semblent vivre les personnages. Sept ans "historiques" se sont écoulés depuis le début de la série, et personne n'a vieilli d'un poil, pas même Sybil qui est censée avoir 21 ans en 1919 et qui devait donc en avoir seulement 14 à l'époque du naufrage du Titanic! Les fiançailles de Mary avec Jorah Mormont l'infâme sir Richard s'éternisent pendant trois ans, alors que selon les critères de l'époque, on doit commencer à la considérer comme une vieille fille. Si la série continue à progresser au même rythme, il faudrait que la vie de ses personnages suive un peu le mouvement!
Malgré tout, je me réjouis de pouvoir enchaîner directement sur la saison 3 dont la diffusion a commencé mi-septembre. Et pour conclure, je n'aurai que deux mots...